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Psaumes insolites

Dans un temps qui s’étire différemment et où les rencontres avec celles et ceux qu’on aime sont moindres, je vous propose avec quelques extraits de Psaumes insolites de vivre ces relations de l’intérieur en créant ce lien spirituel que certains appellent prière mais que je nommerai juste « penser à l’autre en l’aimant », penser aux autres, à tous les autres pour les enlacer de tendresse comme une mère ou un père le fait avec ses enfants.

Le développement personnel (se retrouver soi, se recentrer, respirer et vivre ici et maintenant) est ce mouvement intérieur qui nous permet d’ouvrir plus largement encore notre cœur et nos bras vers les autres et peut-être même vers l’humanité entière, blessée, hésitante, mais regardant demain avec un germe d’espérance et ce que nous avons reçu comme une belle gratitude.

Psaumes insolites nous invite à sourire à la terre.

Extraits du « Temps du partage », d’après le psaume 53 (52)

Quelquefois dans mon cœur je déclare :
“Dieu a-t-il abandonné notre terre ?”
Tout autour de moi n’est que violence,
Où sont ceux qui font le bien ?
 
Tous sont corrompus,
Ils ne pensent qu’à eux-mêmes,
Quand ils mangent leur pain,
Ils ne se soucient pas de ceux qui ont faim !
 
Ne comprennent-ils pas
Que rien ne leur appartient ?
Et que seul le partage est créateur de richesses ?
Enfants de la terre, qu’êtes-vous devenus 
 
Une émotion s’installe en moi, mon Dieu,
Un tremblement me saisit,
N’est-ce pas de moi que je doute
Et de la vie que tu m’as donnée ?
 
Pourtant, je crois,
Je renouvelle ma confiance,
Il y a autour de moi comme une force d’amour,
Une espérance inattendue qui jaillit de mon âme !

Présentation du livre

Pendant les deux premières années de ma retraite, au cœur de ces paysages ardéchois qui m’émerveillent et m’inspirent chaque matin, j’ai écrit ce livre des « Psaumes insolites ». Je vous y confie ma manière de méditer inspirée essentiellement de mes rencontres professionnelles et amicales et de mon amour pour la terre que j’habite. J’aime les Psaumes parce qu’ils sont universels, récités, incantés, priés par les juifs puis par les chrétiens. On y retrouve même des versets dans des sourates du Coran.

Psaumes insolites est une paraphrase moderne des Psaumes, un texte humaniste, ouvert à toutes et tous. Il redit, s’il en est besoin, que le corps n’est pas opposé à l’esprit, pas plus que la terre n’est opposée au ciel. Il y a une harmonie où tout est imbriqué et trouve son sens. A travers ces lignes, mon parti-pris est celui de l’espérance. En retravaillant ce livre de la Bible, je me suis rendu compte à quel point il a nourri la pensée et les paroles de l’homme Jésus retranscrites dans l’Evangile. Ouvrir ce livre, c’est faire ce même travail d’incarnation, ici et maintenant, pour chacune et chacun d’entre nous.

Quelle a été la démarche qui m’a guidée pour réécrire les 150 psaumes de la Bible ?

J’ai choisi le livre des Psaumes parce qu’il est plein d’émotions contradictoires et d’humanités, du coup je m’y reconnais bien. Il est depuis des années mon livre de chevet. C’est un livre réaliste qui ose parler de la violence et de l’injustice, récriminer contre Dieu ou la terre entière, envoyer au diable les criminels de tout poil. Il s’essaie aussi à la méditation et la contemplation de ce qui est, à la douceur et à la tendresse de la paix retrouvée ou de la joie intérieure. Le livre des Psaumes est une quête spirituelle permanente avec des moments de doute et de vide mais une confiance incroyable en l’amour du Souffle de l’origine à qui on a toujours chercher à donner un nom sans jamais savoir le nommer vraiment. Prière d’un individu ou incantation d’un peuple, ces poèmes contrastés sont d’une actualité étonnante pour peu que nous nous posions la question du sens de l’existence, du mal et du bien, de la mort et de la vie et finalement de la vocation de l’homme sur terre. J’ai donc fait le choix d’adapter ces textes pour aller rencontrer mes frères et sœurs en humanité, les citoyens du monde quelque soient leurs croyances, car la prière n’appartient à aucune religion mais au cœur de l’homme et à la danse des âmes.

Comment je m’y suis pris pour transformer ces textes ?

J’ai étudié les textes originaux dans différentes traductions de la Bible, essayant de comprendre le message central qu’a voulu faire passer l’auteur du psaume. Par exemple, je plonge dans les premiers versets du psaume 36 et je lis dans la traduction œcuménique

C’est le péché qui parle au cœur de l’impie,
ses yeux ne voient pas que Dieu est terrible
Il se voit d’un œil trop flatteur
pour trouver et haïr sa faute.
 
Il n’a que ruse et fraude à la bouche,
il a perdu le sens du bien.
Il prépare en secret ses mauvais coups,
la route qu’il suit n’est pas celle du bien ;
Il ne renonce pas au mal.
 
Dans les cieux, Seigneur ton amour,
Jusqu’aux nues ta vérité !
Ta justice, une haute montagne
Tes jugements, le grand abîme !
 
Tu sauves Seigneur l’homme et les bêtes,
Qu’il est précieux ton amour, ô mon Dieu.

Et le même texte traduit dans la nouvelle traduction de la Bible (texte brut issu directement de l’hébreu :

L’offense s’exprime ainsi au plus profond du criminel
La crainte de Dieu n’existe pas pour lui
 
Il se séduit trop lui-même
Pour trouver sa faute et la combattre
Rien que mensonges et fraudes à sa bouche
 
Il ne fait rien pour comprendre ni pour agir mieux
Tous ses mensonges calculés sur son lit
Il insiste sur la voie du non-bien
Et ne rejette pas le mal
 
Yhwh dans le ciel ton amour
Si haut dans le ciel ta fidélité
Ta justice, montagne si haute
Ton droit, un immense abîme
 
Yhwh tu sauves hommes et animaux
Dieu combien ton amour est précieux

Et me voici en train de réécrire ce début de psaume à ma façon :

L’homme est fier, il avance,
Il se croit invincible, éternel,
Il oublie d’où il vient et ce qu’il a reçu de toi,
Il considère la terre comme son bien.
 
Il est trop fier et orgueilleux
Pour comprendre et se remettre en cause,
Il n’a que critique et reproche à la bouche,
Son cœur a perdu toute forme de bonté.
 
Et moi, dans la nature, je vois ton amour,
La terre et le ciel en sont remplis,
La création tout entière invite au respect,
Elle invite à faire ce qui est juste.
 
Tu sauves Seigneur les femmes, les hommes
Et tous les enfants de la terre,
Tu protèges les êtres vivants
De la terre, de la mer et des cieux.....

Extrait de « N’oublie pas ce que tu as reçu » - d’après le psaume 36 (35)

Vos réactions à la découverte de « Psaumes insolites »

Boris :

Ce livre m’accompagne au quotidien, le matin au réveil ou le soir au couché. Dans mes temps de recueil, je m’accorde un moment pour lire un psaume lié à ma joie, ma peine, mon inquiétude ou ma volonté de remercier. Le format simple, accessible, et contemporain permet d’être porté par le sens des mots.

Bernard :

Comme je te l’avais dit lors de notre discussion et malgré une jeunesse encadré le jeudi au catéchisme et le dimanche comme enfant de chœur, je suis devenu avec l ’âge plutôt agnostique que athée, la philosophie m ’a aidé dans cette évolution . Je n’arrivais plus à déléguer ma compréhension de la vie, de la nature, de l’être humain, de son devenir et de son libre arbitre à un dogme.

Avant la lecture de ton livre et sans calcul de ma part, j’ai lu deux livres d’aphorismes de Sylvain Tesson, non pas que je voulais mélanger les genres, mais au final c’est au niveau de la démarche et la façon d’aborder cette lecture que les aphorismes m’ont aidé. J’ai d’abord choisi certains thèmes comme la mort, méditer, rétablir la justice, blessure, choix.... et je les ai lus comme des textes sortis de la religion en la remplaçant Dieu par la vie ou force de la vie ou la nature et en m’appuyant sur la philosophie. Sincèrement j’ai aimé ces textes que j’ai trouvé d’une certaine façon universels dans l’esprit par cette expression humaniste qu’ils dégagent. Chacun peut y trouver une lueur d’espoir, du réconfort, une réponse.

Comme j’aime au hasard relire des aphorismes qui me transportent dans la réflexion, j’ai eu le même plaisir à rechercher un thème sur lequel mes pensées m’emportaient et après lecture je méditais. Merci Michel pour ce cadeau, on vit une période dans laquelle bien des personnes auront besoin de chercher un peu de profondeur à l’existence. Peut être que l’humanisme gagnera en partie pour que les hommes redéfinissent un autre paradigme de société.

Joilita :

Merci pour le partage de ta prière des psaumes qui nourrit le partage et m’ouvre une fenêtre au dedans de toi, fort joyeusement. C’est un trésor, ça me donne envie de partager de moi aussi, voici quelques mots en vrac :

Silence du contact de ton Souffle dans le mien Bonheur simple et grandiose La vie simple au ras de terre en plein ciel Vaste silence lourd comme les arbres après la pluie lourd d’amour Mon chant brûle dans le silence Ce n’est pas ma voix qui chante ni mes lèvres, ni ma gorge C’est mon ventre vide qui vibre et résonne Peut-être mes entrailles qui enfantent Véronique et Bertrand :

Quel bonheur de recevoir les Psaumes Insolites dans cette période bien compliquée !

Aujourd’hui nos peurs se réveillent, Devons-nous faire confiance à ton amour ? Merci d’avoir retranscrit la profondeur des psaumes avec ta poésie, ton langage et ton talent. Ces paroles magnifiques sont des repères pour notre vie.

Françoise :

Ces psaumes, ce sont tes mots, mais aussi nos mots de tous les jours, si actuels que tout redevient neuf, limpide, et que l’on a envie de les faire nôtres. Mais n’est-ce pas cela un psaume, un chant que l’on s’approprie, comme l’ont fait tous nos pères dans l’ancien testament et qui ont été nourriture pour Marie, pour Jésus. Ce sont les cris des hommes de tout temps. Merci.

Monique

Ton livre est arrivé très vite à la maison, il y a plus d’une semaine. Bonne surprise : j’en aime beaucoup la matière, la graphie, les illustrations. J’en aime l’écriture aussi : accessible , claire, fluide. Et la préface de Richard Cadoux est éclairante : d’une manière générale, je me sens sens très proche des protestants. Quant à la dédicace, merci, j’ai été touchée.

Et puis, justement, comme les traductions des psaumes dans les différentes bibles que je connais me sont un peu rébarbatives, et qu’à la messe, je n’aime jamais le moment du psaume, ( j’ai toujours du mal avec les textes chantés pas comme des chants), je suis allée voir de plus près le psaume que j’aime le plus ( oui, il y en a quand même un !), à savoir le psaume 63 : « Mon âme a soif de toi... » et je me suis dis : « Tiens, je n’aurais pas écrit ça ! » N’ai-je pas compris le fond de l’histoire ? Ou chacun reçoit-il les psaumes selon sa sensibilité ?

Puis je me suis souvenue de Jean Debruynne et de ses « Folk Psaumes » ( tu connais ? Ca date de plus de s quarante ans) J’ai rouvert ce livre laissé de côté depuis longtemps. Il me parle beaucoup moins aujourd’hui ( lui et moi avons vieilli) mais j’ai relu son introduction, qui passionnante . Je t’en cite juste quelques extraits : " Avant d’être enfermés dans les bréviaires, les psaumes couraient la rue en liberté. Avant d’être liturgiques, ils étaient un chant de partisans [...] Alors Jésus vint. Il n’a pas récité les psaumes comme des souvenirs. Il y a engagé son avenir. Jésus n’a pas commenté les psaumes comme le font les professeurs. Il les a créés. En Jésus les psaumes sont devenus un regard en avant[...] La longue Histoire du Peuple de Dieu et l’histoire en train de se faire par nos actes sont ensemble un poème qu’il faut créer au jour le jour, à tâtons et à la trace."

Alors j’ai compris que les psaumes peuvent, et même doivent continuer de s’écrire en tous temps, en toutes langues et qu’ils sont faits pour être partagés. C’est ce que tu as fait. Merci pour ça !

Pierre :

Qu’il est bon que la Parole trouve écho dans nos vies, dans nos creux, dans nos vides. C’est toute la richesse de ces pages. Ton livre m’accompagne fidèlement dans ma prière quotidienne.

Véronique et Bertrand :

Quel bonheur de recevoir « Psaumes insolites » dans cette période bien compliquée ! Ces paroles magnifiques sont des repères pour notre vie.

Aujourd’hui nos peurs se réveillent,
Devons-nous faire confiance en ton amour ?
... Je sais pourtant que tu m’aimes
Et que mon cœur n’a rien à craindre

Stephan :

Je te remercie pour ton livre que j’ai lu avec grand plaisir. Si je ne t’en parle qu’aujourd’hui c’est que j’ai mis du temps à le lire. En effet, c‘est le genre de livre que je ne peux lire “d’une traite”. J’y viens et y reviens, quand je sens l’appel, lis un psaume ou deux, puis les laisse infuser doucement, à leur rythme. J’aime à laisser aller mes pensées et laisser les liens se faire avec d’autres idées, d’autres cultures. Bien que je sois baptisé, je méconnais l’enseignement catholique car, comme tu le sais, je m’en suis éloigné dans ma jeunesse pour embrasser d’autres enseignements qui me “parlaient” plus. Merci donc de me permettre d’y revenir par des mots d’une humanité douce, simple, directe et authentique que portent pour moi ces pages. J’ai aimé lire ton livre, c’est pour moi un livre de cœur, et le cœur a son propre langage, direct, sans détour, que ce soit dans la joie ou la détresse, puisque le cœur par définition ne trie pas. Merci donc de nous livrer ton cœur avec autant d’authenticité, d’humilité et de passion.

Chaque voie spirituelle aussi a son langage, et bien que parfois je sens ne pouvoir comprendre toute la portée des mots, il est bon de voir que de nombreuses voies peuvent mener à goûter la lumière du divin.

J’ai aimé aussi découvrir dans tes pages la rencontre de la méditation et de la prière que j’ai trouvée très inspirante et profonde.