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A toi, l’ami Jean

1er août 2022

Tu es né d’une envie folle de vivre à peine cinq ans après que ta maman fut sortie vivante des camps de la mort. Ta mère était alors et pendant toute ton enfance dans un état d’esprit de fête permanent jusqu’à l ‘exagération pour que la vie explose coûte que coûte comme pour effacer ce qui ne s’efface pas. Mais rien ne s’oublie et tu as été marqué à vie par son histoire et les montagnes russes émotionnelles dont elle était victime et qu’elle t’a laissé en héritage.

Tu as pris soin de ta maman comme aucun ne l’aurait fait, abandonnant ta vie professionnelle en pleine force de l’âge pour la rejoindre dans le Sud. Tu l’as accompagnée jours et nuits pendant plusieurs années et jusqu’à son dernier souffle pour qu’elle ne connaisse jamais plus la solitude et la souffrance. Tu lui as offert le meilleur de toi.

Tu as gardé gravé en ton cœur tous ces évènements, ce qu’elle t’a raconté de sa vie dans les camps au cours des longues soirées ensemble. Cela t’a donné une sorte de mélancolie permanente et une empathie débordante.

Tu as alors engagé tout ton temps professionnel à accompagner, orienter, aider, soutenir, rendre possible des solutions pour les autres en individuel ou en groupe. Tu as aimé entrainer les autres par le jeu pour que se révèlent des pistes inexplorées. Jamais tu ne te permettais un conseil car tu savais et croyais profondément que celui ou celle qui était en face de toi avait la solution en lui-même ou en elle-même. J’ai eu la chance de te connaître et de travailler à tes côtés, tu m’as appris la simplicité, le regard intérieur et la juste posture du coach. Merci.

Tu es parti il y a quelques jours aux côtés de Marie sur un chemin de randonnée et tu n’en es pas revenu. Le dernier mot sorti de tes lèvres était justement « Marie », cette femme exceptionnelle avec qui tu as travaillé et partagé tant de ta vie, de tes soucis et de tes joies aussi. Une scientifique et un original ont bien fait la paire pour créer et entrainer !

Aujourd’hui, je te dis « à Dieu », à toi qui te disais athée, et je voudrais même prononcer pour toi du bout de mes lèvres les prières des endeuillés dont le Kaddish. Sans doute une partie de toi aurait bien aimé les entendre. Tu les avais bien récitées pour ta mère !

« Dieu empli de Miséricorde résidant dans les hauteurs, accorde le juste repos sous les ailes de la Présence Divine (...) En conséquence, que le Maître miséricordieux le protège à jamais, sous ses ailes, et enveloppe son âme dans la vie éternelle. Que Dieu soit son héritage, et puisse-t-il reposer en paix sur sa couche et nous disons : Amen. »
 
« Magnifié et sanctifié soit le Grand Nom dans le monde qu’il a créé selon sa volonté. Puisse-t-il établir son royaume de votre vivant et de vos jours et des jours de toute la Maison d’Israël, promptement et dans un temps proche ; et nous disons : Amen. »
 
« Ô Gardien d’Israël qui ne dort pas et ne s’assoupit pas, nous sommes le peuple de tes pâturages et l’agneau qui mange de ta main. Protège-nous par ton amour. Et si dans notre deuil, notre solitude et nos moments de désolation, nous perdons notre chemin, ne nous abandonne pas, Gardien, mais ramène-nous vers la foi. Amen »

Vos réactions à ce billet :

Quand un ami s’en va… Du chagrin …le cœur gros…des larmes …le regret de ne pas lui avoir dit tant de choses si importantes…surtout de lui dire qu’on l’aimait …le vide… Mais surtout pas l’oubli ! Les bons moments passés ensemble ! Le partage ! Les rires ! Les échanges ! Et tant de belles choses vécues ensemble qui reviennent à la mémoire selon le lieu, le parfum, l’anecdote, la personne croisée … Merci encore pour cet hommage à ton ami qui est parti trop vite… Bénédicte

Personne ne peut dire où est la vérité de celui qui a tourné ses talons mais tu me parais juste. Merci de la photo sublime et du texte - quand je l’ai relu j’ai compris qu’il s’agissait du Kaddish. Je prête mon oreille à Marie ces quelques jours pour passer ce moment difficile. Je ne sais pas si toi tu as de la peine, impression que la foi protège de tellement de choses difficiles. Nous sauve-t-elle ? Je me demande bien où est Jean ce soir ? Jacques plus loin... Marion

Merci, Michel de ce partage sur ton ami Jean...ta peine doit être grande mais tu le fais vivre encore en parlant de lui...c’est tellement important, dans ce monde un peu « chaotique »...d’avoir de si belles figures devant nous.. Isabelle