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Chapitre 1

3 mars 2024

Au premier chapitre de la Genèse, nous connaissons parfaitement le récit de la Création dans lequel chaque mot, chaque expression porte un message sur la force créatrice du divin. Nous admirons à chaque relecture l’immense cadeau fait à l’humanité façonnée « à la semblance » du Créateur.

Dans ce billet, je vous partage aujourd’hui mes découvertes sur les trois premières paroles divines transmises à l’humanité, ce sont trois invitations ou appels sous forme de verbes à l’impératif, une sorte d’injonction à croître : Fructifiez, Multipliez, Emplissez. Souvent bien mal traduits dans les versions actuelles de la Bible, ces verbes portent en eux-mêmes une énergie créatrice d’une grande force pour tous les êtres de toutes générations.

FRUCTIFIEZ - L’image de l’arbre me vient bien sûr en premier : il est plongé profond dans la terre, tourné haut vers le ciel, se nourrit de lumière et d’eau, purifie l’air qui l’entoure, traverse comme chaque vivant des passages de la vie à la mort à la vie jusqu’à porter du fruit.

Le travail de l’humanité est de fructifier, c’est la mission de chacun d’entre nous à chaque âge de notre vie. Pour cela il nous faut accepter totalement le corps qui est le nôtre, relié à la terre et à la matière, tendu âme et esprit vers le ciel, réceptacle des passages et des deuils de la vie pour naître encore. Même le plus petit et le plus simple des talents que nous avons reçus doit fructifier. La plus petite qualité, le plus humble élan du cœur, la plus petite des connaissances porteront du fruit en abondance, si nous le voulons. Tout, absolument tout en nous doit devenir beau et bon pour nous-même et pour les autres. C’est notre responsabilité première. « Il confia au premier cinq talents, au deuxième deux et au troisième un talent... », et vous connaissez la suite dans ce très beau passage de l’évangile de Matthieu.

Mais Jésus aura aussi une parole terrible pour le figuier qui ne porte pas de fruit, il lui dit que c’est fini de lui, il ne portera plus jamais de fruits et va se dessécher. Parlait-il à la part égoïste et stérile de notre humanité en s’adressant au figuier ?

« Fructifiez » a souvent été traduit par « Soyez féconds ». 0r il y a des milliers de manière d’être féconds, une des plus belles est d’offrir beauté, bonté et intelligence du cœur à nos proches et au monde, avec un immense respect pour les dons que nous avons reçus.

MULTIPLIEZ – Comme l’a dit Jean-Noël Besançon, un de mes maîtres et amis, dans son livre « Dieu ne sait pas compter », l’homme additionne et soustrait, calcule sans arrêt pendant que Dieu multiplie. A l’image du grain de blé qui produit jusqu’à cent pour un, nous sommes invités à réviser notre table de multiplication ! « Multipliez-vous » dit Elohim, car les enfants sont autant de cœurs purs qui viennent dire et multiplier l’espérance. Pour un enfant tout est possible et tout est Un.

Multipliez les mercis, les actes de justice en faveur de la paix, les espaces et les temps sacrés seuls ou avec ceux et celles que vous aimez. Multipliez aussi les rencontres qui vous font du bien, les amitiés, les preuves d’amour et les pensées positives pour la terre et les vivants. Et puis lorsque nous sommes plusieurs à œuvrer, méditer ou prier, nous savons que l’impact de notre action se démultiplie bien au-delà de ce que nous imaginons : le bien se propage plus vite et plus loin, et les cœurs s’élèvent.

Multipliez le pain : « En ces jours-là comme il y avait encore une grande foule et qu’elle n’avait pas de quoi manger, Jésus dit : « j’ai pitié de cette foule car voilà trois jours qu’ils restent auprès de moi et ils n’ont pas de quoi manger ». Les disciples dirent : « Où trouver de quoi les rassasier de pains dans ce désert ? » Il leur demanda « Combien avez-vous de pains ? ». « Sept » dirent-ils. Il ordonna à la foule de s’asseoir et après avoir dit merci, il les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les offrent. Ils avaient aussi quelques petits poissons, Jésus prononça sur eux une bénédiction et dit de les offrir également. Ils mangèrent et furent rassasiés or ils étaient environ quatre mille. » Evangile de Marc

Multiplier c’est dire « oui » au miracle de la vie.

EMPLISSEZ - « Emplissez la terre », découvrez ces merveilles, prélevez juste ce dont vous avez besoin, partagez le surplus. Emplissez les vides de votre présence, les manques d’amour d’un surplus d’amour, la pauvreté du cœur de votre richesse d’âme.

Emplissez la terre de vos dons à hauteur de ce que vous avez reçu, plantez des fleurs pour la beauté et les abeilles, plantez des arbres pour leur feuillage et leurs fruits, emplissez la terre de votre gratitude car elle vous donne beaucoup.

Emplissez vos journées de courts moments de silence pour laisser la nature et la parole divine nourrir votre âme.

Emplissez votre cœur de tendresse et de douceur pour rester aimants quand la violence ou la mort se rapprochent.

Emplissez vos rencontres d’écoute et d’encouragements, dites « je t’aime » à ceux que vous aimez, comme le fait une mère.

Emplissez vos vies de la joie d’être vivants.

Voilà en quoi en quoi ces trois verbes mis dans la bouche du Créateur me touchent particulièrement. Je les accueille comme les trois premiers commandements. Ceux-là sont positifs et plein d’énergies, ils rejoignent l’humanité dans son cœur d’enfant, de frère et sœur, de mère, de père. Ces verbes nous obligent et nous invitent à créer.

Merci à Jeannette et Michel, leur amie Hélène, à Claire pour le grand temps de partage que nous avons eu sur ce thème.

Hymne à la création - d’après le psaume 24

A toi l’univers et ses merveilles,
La nature et tout ce qui vit sous le ciel,
C’est toi qui en es l’origine,
Tu inities un mouvement de création.
 
Comme les vagues façonnent le rivage,
Comme le vent sculpte le sable,
Comme la pluie féconde la terre,
Comme le soleil dessine les couleurs,
 
Tu inventes ce qui est aujourd’hui,
Nous créons ce que sera demain ;
Qui peut comprendre la grandeur de ton œuvre ?
Qui peut mesurer sa largeur et sa profondeur ?
 
Qui peut prétendre connaître la terre ?
Qui peut raconter son histoire ?
Elle te livre peu à peu ses secrets,
Telle une mère qui éveille son enfant à la vie.
 
Dieu, père et mère, souffle éternel
Qui porte la semence et la vie,
Chaque nom qui t’est donné est trop restreint,
Aucun espace ne peut te contenir.
 
Dieu, puissance et tendresse,
Hommes et femmes reflètent ton image,
Certains te louent, d’autres te blâment,
Sur tous tu poses ton regard.