Conte de Noël

16 décembre 2022

Tu es parti de si loin et tu ne sais plus compter les jours depuis que tu as quitté ta famille, ta maison, ton village. Tu es parti car tout te semblait trop petit, tu avais besoin de voir le ciel en grand et ses myriades d’étoiles, de découvrir le monde et d’autres chercheurs d’étoiles et de sens.

Depuis plusieurs jours tu marches dans un désert si grand que tu ne sais si tu y trouveras ton chemin. Aujourd’hui, tu es parti bien avant le lever du soleil dans le silence de la promesse de l’aube mais les premiers rayons du soleil sont vite venus brûler ton corps déjà meurtri. Mais tu avances, confiant, pour observer encore mieux la nuit prochaine cette étoile qui apparaitra à l’horizon et te semble être la porte du désert. Tu ne sens plus tes pieds mais tes pas te portent comme si tu étais soutenu. Tu as connu dans ce désert la faim et la soif, tu t’es débarrassé peu à peu de ce qui t’encombrait, tu avais besoin de cette légèreté pour avancer encore et suivre ton intuition.

A la tombée de la nuit, alors que tu cherches un rocher pour t’abriter et te reposer, tu es attiré par un feu, tu t’y diriges avec le sentiment mélangé d’attirance et de peur. Tu as tellement envie de rencontrer quelqu’un et de sortir de ta solitude ! Mais n’y a-t-il pas danger pour ta vie ? Pourtant tu marches droit vers ces brindilles qui brûlent et lancent leurs étincelles vers les premières étoiles.

Un homme est assis, il t’invite à faire de même, son visage est paisible. Les premiers mots échangés ne sont pas compris. Ses traits et son langage sont inconnus de toi. D’où vient-il ? A ta question, il t’indique une direction vers le Sud en faisant des gestes montrant que c’est loin. En réponse, tu lui montres une direction vers l’Est et répètes les mêmes gestes que lui. Il sourit. Plusieurs fois vos regards se croisent et se cherchent, vous regardez les étoiles et vos yeux brillent et saluent l’immensité.

Le froid arrive avec la nuit mais vous restez là, vous rapprochant du feu, isolés dans ce désert, inconnus l’un à l’autre mais étrangement réunis par le ciel. Tu remarques à quel point ses yeux pétillent à la beauté qui s’offre.

Et puis tu lui indiques cette étoile qui apparait au Nord entre ciel et terre, elle est petite mais d’une clarté incomparable, elle semble si proche ! Il se met à rire et à danser autour du feu et vous riez ensemble et vous dansez ensemble, partageant la dernière galette de millet échangée avant la traversée du désert contre quelques épices de ton pays. Vous n’avez pas prononcé un mot mais vous savez déjà l’un et l’autre que demain vous marcherez ensemble.

A deux, les pas sont plus légers, tu avances et tu sens comme une transformation intérieure. Tu mesures le chemin que tu as parcouru, la vie que tu as laissée derrière toi, et tu voudrais partager ta joie avec celles et ceux que tu aimes alors que tu n’as jamais su leur dire ton amour. Ils sont aussi loin que cette étoile est proche maintenant, ils n’ont jamais été aussi présents dans ton cœur, ils marchent avec toi.

Vous vous arrêtez au bord d’un puits au bas d’une colline où vous apercevez des petites maisons en briques. Les femmes venues puiser sont belles, elles chantent, elles parlent, elles rient, les plus jeunes se mettent à danser en tapant des mains. Un autre voyageur est là qui dessine sur le sable, lui aussi semble chercher quelque chose, il a représenté sur le sable des constellations par des petits cailloux et trace des lignes en direction du Nord. Il a vu dans le ciel le signe d’un évènement qui va bouleverser le monde.

Alors tu prends ton sac, remplis ta gourde en peau, tu ne peux plus attendre. Tu reprends ta marche d’un pas rapide, presqu’en courant, tu veux arriver le premier et avant la nuit. Tes amis chercheurs d’étoiles t’emboitent le pas et te suivent, ton cœur est serré. Vous êtes tous trois comme des enfants en quête d’un trésor.

Les lumières du village commencent à briller, vous pressez le pas, vous n’êtes plus seuls, des bergers vous accompagnent, ils vous montrent le chemin, ils semblent garder un secret tant leurs visages sont rayonnants. Vous gardez le silence.

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu » Evangile de Matthieu

La nuit est tombée complètement. Au bord du village, autour d’une toute petite masure, tout semble lumineux. Je me rends compte que l’étoile que nous poursuivions s’est comme morcelée, venant habiter chaque visage, celui de Marie, celui de Joseph, celui de cet enfant si fragile, celui de chacun des bergers qui savaient déjà, celui des femmes qui sont là à genoux. tu te tournes vers tes compagnons de route, ils sont eux aussi transfigurés par ce qu’ils voient, l’étoile est venue se loger dans leurs yeux.

A ce moment précis de l’humanité, tu prends conscience que vous êtes tous ici des êtres lumière totalement enveloppés par la lumière divine. Jésus Yeshoua est né dans cette étable misérable avec déjà dans le cœur cette force qui lui fera dire quelques années plus tard « Je suis la lumière du monde ».

Les pauvres, les bergers et les chercheurs que vous êtes n’oublieront jamais que vous avez découvert ce jour-là que l’étoile divine était logée au plus profond de vous-mêmes depuis la nuit des temps. La lumière de Noël ne réchauffe que si elle vient de l’intérieur.

Nous sommes tous des êtres « lumière » ! Je suis, tu es, nous sommes l’étoile qui indique le lieu où Dieu s’incarne.

Emerveillements - d’après psaume 8 - Psaumes insolites

Par la bouche d’un enfant au sein de sa mère,

Par le sourire du pauvre qui accueille un regard,

Ta beauté est louée et ta grandeur chantée,

C’est une force incroyable pour la terre.

 

Quand je contemple les cieux, ouvrage de tes mains,

La lune et les étoiles que tu créas,

Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui,

Le fils de l’homme pour que tu prennes soin de lui ?

 

Chaque jour tu nous fais grandir

Pour nous rendre capables de choisir,

Hommes et femmes tu nous as créés

Pour que nous apprenions à aimer.

 

Chaque être sur la terre est un don que tu nous fais,

Les arbres et les fleurs nous disent ta beauté,

Les animaux de la terre et des mers

Nous invitent à contempler la diversité de ton œuvre.

 

Ô Dieu d’hier et de maintenant,

Sur toute la terre, ton nom se murmure,

Dans toutes les langues, il est proclamé,

La nature et les êtres vivants te célèbrent !