Depuis le passage de Jésus, il y a toujours du ciel sur la terre
23 octobre 2022
Tout a changé, quelques femmes sont passées au tombeau pour se recueillir et se mettre en présence de celui qu’elles aimaient. Elles ont compris qu’Il était vivant. Depuis que j’ai reçu cela dans mon cœur, j’ai nommé immédiatement dans ma tête ces femmes porteuses de bonnes nouvelles diacres, prêtres, évêques, cardinales ! Mais comme des milliers de chrétiens dans le monde, je ne suis pas entendu (rires !). Les femmes ont bien souvent un temps d’avance pour comprendre les choses de l’intérieur et les paroles de l’âme. Puissions-nous nous en inspirer pour faire grandir en nous, et dans le monde, ce qui est.
Depuis mon enfance, j’ai choisi Jésus comme guide et me suis demandé pourquoi. J’ai relu les évangiles pour comprendre, ai consulté l’Esprit dans ma prière, ai fait appel à Dieu Père et Mère, puis à quelques belles âmes. Tous m’ont confirmé mon choix et j’en suis profondément heureux. Quelques raisons me sont venues immédiatement à l’esprit, Jésus fait ce qu’il dit, paroles et actes sont parfaitement en accord, son miracle permanent est de faire confiance à l’autre sans aucune retenue, il prend le temps de la méditation et de la prière, se recentre à chaque moment sur lui-même et ce pourquoi il est.
Je suis surtout marqué par sa présence (j’ai presque envie de dire en souriant par sa présence réelle, mais je reviendrai plus tard sur ce sourire !). Oui, l’homme Jésus est bouleversant par sa présence à l’autre, oubliant pendant cet instant tout le reste, les conventions et les lois, le temps qui passe, son statut de rabbin, ses propres compagnons de route qui l’attendent et quelque fois s’impatientent. Il s’arrête, se rend présent, écoute, accueille l’autre dans sa différence, s’émerveille.
Il y a dans l’Evangile profusion d’exemples de cette présence. J’en retiendrai deux : la rencontre avec une femme de Samarie, et celle avec un homme exemplaire déjà transformé intérieurement par la loi d’amour. La rencontre est un échange où deux personnes se mettent en face l’un de l’autre, osant poser un regard dans les yeux de l’autre pour un moment.
Lorsque Jésus, épuisé par la marche qu’il vient de faire arrive au bord d’un puits, il rencontre une femme samaritaine que la tradition orthodoxe appelle Photine, qui signifie « lumineuse » et lui exprime un besoin vital : « Donne-moi à boire ». S’ensuit une discussion d’un autre monde entre ces deux personnes qui n’avaient pas grand-chose en commun, sinon ce besoin d’étancher leurs soifs ; il va être question des différences infranchissables entre les êtres, des barrières entre les peuples, du rapport homme-femme, du sens de la vie et de l’amour et enfin d’une toute autre soif et de ce qui nourrit l’être en profondeur… « si tu savais le don de Dieu ! »
Ce chapitre quatrième de St Jean est un cours de théologie à lui tout seul et surtout une belle leçon de vie : se mettre simplement en présence de l’autre pour que le miracle de la rencontre s’opère. Chacun se laisse questionner puis transformer par l’autre. Jésus se sent grandi par cette femme qui ose lui parler d’elle, de sa vie de ses angoisses et elle-même est tellement élevée par cette rencontre avec un inconnu au bord d’un puits que toute sa vie en est illuminée et même transformée : elle va en parler à tout le village. « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait, n’est-il pas le Christ ? » Une femme à peine regardée est devenue lumineuse, un homme qui avait juste soif est devenu pour elle frère, prophète, messie !
Secret de l’amitié et de l’amour, la rencontre authentique étanche la soif et nourrit toute la vie. Nous acceptons de nous laisser transformer par l’autre pour oser des choix, grandir et sans doute devenir un peu plus nous-mêmes.
Au début de mon adolescence, en classe de 4°, notre aumônier nous a donné un enseignement sur la présence réelle (pour ceux ou celles qui n’ont pas eu "la joie" d’entendre cette formule, les catholiques que nous sommes emploient cette expression pour dire leur foi en la présence du Christ ressuscité dans le pain consacré au cours de la messe). Déjà critique à cette époque je lui ai fait remarquer que parler de présence réelle était un pléonasme : "soit Il est présent, soit il ne l’est pas". Ma remarque ne lui a pas plu, pas plus qu’à mes parents qui m’ont dit que c’était un dogme de l’Eglise et que "par conséquent çà ne se discute pas". Depuis je trouve plus facile de sentir la présence du Christ dans la rencontre avec les autres, avec la nature, dans la lecture de la Bible, que dans l’adoration de l’hostie consacrée. Puissé-je me tenir en « présence réelle » avec celles et ceux que je croise sur mon chemin !
Un jour un homme accourt vers Jésus et l’arrête alors qu’il vient de se mettre en route. Il lui pose d’emblée une question métaphysique et un peu déstabilisante « Que faut-il faire pour avoir la vie éternelle ? » Jésus répond ce qu’il est de bon ton de répondre quand on est rabbin, il reprend les commandements donnés par Dieu à Moïse qu’on retrouve dans le livre du Deutéronome. Et l’homme de dire avec aplomb qu’il observe tout cela avec rigueur depuis qu’il est jeune .
Et c’est là que la rencontre naît, l’émotion monte. Jésus est émerveillé par la foi de cet homme, il en est même bouleversé. Il est dit dans l’Evangile de Marc « Jésus posa son regard sur lui et se mit à l’aimer ». Je m’arrête là dans la paraphrase du texte, la suite est plus exigeante puisque Jésus demande à l’homme d’aller encore plus loin et de tout quitter pour le suivre. Pas facile de laisser ses habitudes et ses biens, même pour vivre une aventure humaine et spirituelle passionnante.
Je suis touché par cette histoire : Jésus se laisse arrêter sur son chemin, il quitte pour un moment ceux et celles avec lesquels il marchait pour se consacrer à cette rencontre qui le bouleverse, montrant à cet homme toute la tendresse dont Dieu est capable. « Il posa son regard sur lui et se mit à l’aimer ! » Puissé-je avoir le même regard et la même capacité d’écoute !
Nous faisons tous l’expérience de rencontres imprévues : une amitié ou un amour naît après quelques regards et échanges, parfois cette rencontre n’ a lieu qu’une fois. En quelques instants nous sommes marqués ou nourris. Il est bon de se rappeler les rencontres qui nous ont élevés ou transformés. C’est le plus beau et le plus grand des miracles de la vie que d’être entièrement présent à l’autre. Pour cela j’ai juste envie de dire merci et d’envoyer une bénédiction à chacun et chacune d’entre vous.
« Depuis le passage de Jésus, il y a toujours du ciel sur la terre » Lytta Basset
Louanges pour la grandeur de Dieu - d’après le psaume 135 - Psaumes insolites
Alléluia !Louez l’Eternel, honorez son nom,Louez-le, vous les priantsQui méditez dans vos maisonsEn quête de la présence de votre Dieu !Louez la compassion de l’Eternel,Célébrez sa douceur et sa tendresse,C’est vous que le Seigneur a choisis,Vos âmes sont pour lui un trésor.La grandeur de son amour est immense,Notre maître dépasse toute imagination ;Sa parole et ses actions ne font qu’un,Chacun y trouve son bonheurSur terre et dans tous les univers.Comme les nuages qui annoncent une pluie,Ainsi se prépare-t-il à répondre à une demande,Comme le vent qui caresse le visage,Il se rend présent à celui qui l’attend !Depuis longtemps Dieu envoie des signes,Pour que chacun se libère de ses esclavages,Depuis l’Egypte il invite son peuple à se libérerDe toutes les servitudes et de toutes les idoles :Car pour vaincre ses peursL’homme cherche le pouvoir et l’argent,Il se protège derrière un mirageQui l’éloigne de toute forme d’amour.Que vos oreilles entendent la parole du Livre,Que vos yeux s’émerveillent des gestes d’amour,Que vos lèvres répètent les noms donnés à Dieu,Vous êtes les bénis de la terre.Pour toujours, Seigneur, nous vénérons ton nom,D’âge en âge nous faisons mémoire de tes signes,Car tu appelles à la justice et la libertéEt nous invites à embellir nos âmes !
Vos réflexions suite à ce billet :
J’ai bien lu ton texte sur la « présence réelle » Je te rejoins sur le fait que c’est une répétition, une tautologie ! s’il il y a présence elle ne peut être que réelle. On comprend que rajouter réelle cela veut dire que bien des gens considère qu’il n’y a rien de présent lors de ces cérémonies, ces messes et qu’il est nécessaire d’insister sur la réalité de cette Présence. Cette présence est un état de conscience qu’il faut ouvrir et conserver bien vif. Michel M