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J’aime l’Humanité

13 juillet 2023

L’humanité a ceci d’extraordinaire : elle a tout reçu et son héritage est d’une richesse incomparable. Elle est une et diverse, par essence en lien avec la nature, la matière et l’univers. Dotée de talents de création et de capacités infinies, elle sait donner et recevoir, aimer, user de son libre arbitre car elle a en elle-même bien et mal, lumière et ombre.

L’humanité m’émerveille car elle est, selon les premiers textes de la Genèse, créée « à la semblance » d’Elohim qui lui aussi est Un et Pluriel, Souffle, Créateur et Parole agissante.

A chaque fois que l’humanité inspire, elle fait entrer en elle le souffle des origines qui recouvrait le chaos inerte et cette inspiration purifie, transforme et met en mouvement. A chaque fois que l’humanité expire, elle découvre sa capacité à rejeter du plus profond d’elle-même ce qui l’encombre et la renvoie à l’inertie, ce qui la divise et la rend violente. Chaque nouvelle inspiration est une naissance, rendant possible toute chose ou toute transformation.

Bien loin du « tout le monde est beau, tout le monde est gentil », quand je regarde l’humanité, je constate que lorsque les énergies, la nature et les êtres sont alignés, la lumière passe et l’humanité construit et rayonne. Il n’y a plus compétition mais possibilité de construire ou de créer à plusieurs. En revanche quand elle est en lutte avec elle-même, choisissant de posséder au lieu de chérir la terre et les êtres, elle ressemble à un bateau rempli de migrants, surchargé, balloté, secoué par vagues et tempêtes, risquant à tout moment d’être retourné et de sombrer.

Pour comprendre l’humanité, il nous faut sans doute oublier ce qui nous a été enseigné depuis des siècles sur Adam, Eve et le serpent et nous ouvrir au sens premier de la parole révélée. Les nombreuses traductions des textes de la Bible ont fini par détourner les mots de leurs sens, mettant en place chez l’humain la culpabilité au lieu de la responsabilité et ayant pour effet d’abaisser au lieu d’élever. Monsieur Adam et Madame Eve n’ont jamais existé, pas plus que le serpent tentateur, diabolisé à l’extrême et faisant de la femme la coupable numéro un.

Reprenant les lettres hébraïques qui composent ces mots, tout résonne autrement : *

Adam, c’est le genre humain, l’humanité conçue polarisée, homme et femme dès l’origine, à la semblance d’Elohim Dieu. C’est écrit au premier chapitre de la Genèse, verset 27. « Dieu créa à l’Adam à son image, à son image il le créa, mâle et femelle, il le créa ». Puis au chapitre 2, nous voyons le Créateur donner des facultés à l’humanité : Aisha ou AEiSEa , faculté de vivre, de se mettre en mouvement , Aish ou AEIS celle de s’ouvrir à la connaissance, à la conscience et à la sagesse. Ces deux termes ont été traduits traditionnellement par « femme » et « homme » alors que d’autres mots hébreux ont été employés au chapitre 1 pour nommer mâle et femelle.

Voici donc les deux premières facultés extraordinaires données à l’humanité au début de la Création et j’oserai dire chaque matin. Cela peut devenir pour chacun une source inépuisable de mercis. Nous avons reçu la vie, la volonté de bouger et de créer, la capacité à comprendre et à prendre conscience pour aller vers plus de sagesse.

Et puis dans le chapitre 3 de la Genèse, l’humanité reçoit une troisième faculté, le NaHas, traduite de manière faussée par « serpent » qui est en fait l’Ego, pulsion égocentrique qui permet à chacun de se distinguer des autres et d’avoir cette capacité extraordinaire à choisir. Le NaHas de la Bible au lieu d’être le tentateur qui nous pousserait au mal, est bien au contraire le libre arbitre dont nous pouvons user et abuser, pour choisir et prendre notre place unique dans le monde. Nous évoluons par l’expérience de nos erreurs successives.

Tout est dit dans ce texte de la Genèse, l’humanité a reçu la vie, le mouvement qui permet la diversification et la création, la conscience de ce qui est et l’intelligence de comprendre, et enfin le libre arbitre. Merci au créateur pour cela. Ces trois facultés parlent entre elles à l’intérieur de nous en permanence et font que nous sommes UN. *

J’ose alors porter l’espoir que l’histoire racontée du péché originel, avec le serpent tentateur et la femme mangeant le fruit, soit à jamais classée dans ce que nous pouvons appeler l’enfance de l’humanité, dépendante et tellement perdue dans la culpabilité que les êtres qui la composent se sentent indignes d’exister vraiment.

L’humanité est libre et je sais qu’elle a toute la force en elle pour se transformer et vivre enfin digne de ce qu’elle a reçu. Il est temps de passer de la culpabilité ou de la peur à la responsabilité d’être et d’accueillir individuellement et collectivement les forces de vie. Il est temps de dire merci et peut-être de croire enfin ce que nous ont annoncé les prophètes, sages et êtres de lumière qui nous répètent sans cesse que tout est possible, si nous le décidons.

« Aime ton prochain comme toi-même  » peut devenir alors « Aime l’humanité entière comme toi-même ».

*Je me suis inspiré ici du travail remarquable de Michel Moché qui a repris avec un collectif la traduction lettre à lettre de la Genèse à partir de l’hébreu : « Genèse, un essai de traduction pour le troisième millénaire », Editions Le Cœur des Signes

Le temps du partage - Psaumes insolites - d’après le psaume 53

Quelquefois dans mon cœur je déclare :
“Dieu a-t-il abandonné notre terre ?”
Tout autour de moi n’est que violence,
Où sont ceux qui font le bien ?
 
De là où il se trouve
Le Seigneur regarde, il observe
La pensée des êtres vivants :
Y en a-t-il un qui s’appuie sur Dieu ?
 
Tous sont corrompus,
Ils ne pensent qu’à eux-mêmes,
Quand ils mangent leur pain,
Ils ne se soucient pas de ceux qui ont faim !
 
Ne comprennent-ils pas
Que rien ne leur appartient ?
Et que seul le partage est créateur de richesses ?
Enfants de la terre, qu’êtes-vous devenus ?
 
Une émotion s’installe en moi, mon Dieu,
Un tremblement me saisit,
N’est-ce pas de moi que je doute
Et de la vie que tu m’as donnée ?
 
Pourtant, je crois,
Je renouvelle ma confiance,
Il y a autour de moi comme une force d’amour,
Une espérance inattendue qui jaillit de mon âme !
 
Viennent de partout hommes et femmes de bien,
Dans leurs cœurs, justice et partage,
Dans leurs mains, du pain et du vin.
Avec eux, je viens te fêter, ô mon Dieu.