La maladie, la peur et la foi
11 février 2021
Pourquoi lui, pourquoi elle, pourquoi moi ? D’où vient donc ce mal qui vient de l’intérieur, ce dos bloqué, cette sciatique paralysante, ce cancer qui vient de nulle part et qui fait basculer la vie, ces règles déréglées, ce pied douloureux qui empêche d’avancer, ces pensées noires qui figent toute joie ? D’où viennent toutes ces souffrances perçues comme des injustices profondes nous empêchant de vivre ?
Il y a heureusement des réponses médicales, psychologiques, génétiques, environnementales qui permettent de relativiser le mal dont on souffre, ou entamer un chemin thérapeutique peut-être long, ou encore nous redonner au mieux un espoir au moins une explication. Pris en charge, on se sent moins seul, mesurant la gravité d’autres situations qui nous entourent.
Mais la maladie ne vient pas de nulle part, le corps a la trace de son origine, que nous en soyons conscients ou pas. Il est bon d’interroger son corps avant de faire des hypothèses aussi intelligentes ou rationnelles soient-elles ! Oui, ton corps, son corps, mon corps sait et garde en lui la trace d’un traumatisme lointain ou pas, d’une émotion forte, d’un excès, d’une violence, d’une peur ou d’une colère rentrée. Le corps sait ce que le mental quelque fois occulte ou nie. Il ne ment pas quand il souffre, il nomme le point de douleur, bien sûr, mais peut exprimer aussi une fois la peur écartée, d’un mouvement intérieur, l’origine du mal. Ce ressenti est un peu comparable au souvenir très présent d’une senteur de son enfance, la cuisine de sa grand-mère ou une maison de vacances d’autrefois : une herbe, un parfum, un livre nous renvoie dans des coins oubliés de la mémoire !
Ecouter son corps n’est pas se regarder le nombril ou s’apitoyer sur son sort, c’est davantage se remettre en contact avec sa respiration, ou simplement se reconnecter à la terre, poser ses pieds nus dans la rosée du matin, aller marcher en se concentrant sur le contact des pieds avec le sol, de l’air avec la peau et des yeux avec les lumières et les reflets du ciel sur la nature. Celles et ceux qui pratiquent le yoga ou la méditation connaissent bien ce travail sur soi, apaisant et réparateur.
Ecouter son corps est une prévention de la maladie et un début de thérapie. Notre corps est ce baromètre qui dit avec beaucoup de clarté ce qu’il ne supporte plus et ce qu’il attend comme changement concret.
Quand le corps est épuisé, quand l’esprit est trop fatigué pour penser, seul, le souffle de vie est là, immuable, porteur d’espoir et de renaissance possible.
La guérison prend en compte tout l’être, elle n’est pas que chirurgicale ou médicale, elle est la combinaison du traitement et de notre décision intime de vivre et de guérir. Mais on ne peut guérir d’un mal, aussi mortel soit-il que si l’on traite aussi sa cause et l’ensemble des blessures qui y sont liées. En fait la guérison est un chemin qui, si nous le choisissons, implique un lâcher-prise, une confiance et pourquoi pas la foi en une force créatrice ou régénératrice qui nous dépasse et nous veut du bien. Et peut-être le miracle est sur ce chemin-là !
Un texte de l’Evangile de Marc me touche particulièrement, j’aime y revenir et le méditer :
Elle vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait : « Si j’arrive à toucher au moins ses vêtements, je serai sauvée. » A l’instant, sa perte de sang s’arrêta et elle ressentit en son corps qu’elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus s’aperçut qu’une force était sortie de lui. Il se retourna au milieu de la foule et il disait : « Qui a touché mes vêtements ? » Ses disciples lui disaient : « Tu vois la foule qui te presse et tu demandes : “Qui m’a touché ? ” » Mais il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, craintive et tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Mais il lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton mal. » Marc chapitre 5
C’est une décision personnelle, presque tripale que cette femme prend : avec une confiance énorme, elle quitte sa peur et les regards que les hommes peuvent porter sur elle et touche simplement le vêtement, allant avec son propre corps blessé chercher la guérison. Avant même qu’il se retourne, elle est guérie ! Et quand il croise son regard, elle lui dit toute la vérité sur son histoire intime.
Rencontre des corps, rencontre des âmes, partage d’une énergie divine pour guérir et renaître. Qu’on soit croyant ou non, il y a une force créatrice extraordinaire dans la nature et les êtres qui l’habitent, une énergie qui jette au loin toute notion de fatalité. Vivre est possible, c’est un combat pour beaucoup mais il est gagnant si l’arme utilisée est celle de l’amour.
Note : plus qu’une réflexion, ces quelques mots tentent de retracer mon expérience, il est difficile de mettre les maux qui nous habitent en mots, et pourtant, c’est vital !