Oser la joie

24 avril 2022

Chacun a bien des raisons de mettre le bonheur de côté ou à plus tard. La planète a du mal à respirer, le réchauffement climatique est en route, les conflits sont multiples et la diplomatie est chahutée, les politiques s’écoutent plus qu’ils n’écoutent, les relations semblent bien compliquées entre les êtres humains, y compris dans nos réseaux et environnements les plus proches. Comment être, aider, transformer ? Peut-il y avoir encore de la joie ? A-t-on droit à la joie ?

C’est bien sûr à chacun de répondre et trouver la voie la meilleure.

"Je vous le dis, vous allez gémir et vous lamenter pendant que le monde se réjouira mais votre affliction se transformera en joie" Évangile de Jean

Il me semble que la joie de ceux qui n’ont rien ou pas grand-chose donne à chaque fois un grand coup de balai aux idées sombres et à nos esprits encombrés qui cherchent en permanence à l’extérieur la cause de leurs malheurs. Peut-être peut-on chercher à l’intérieur la cause de notre bonheur ? Cette quête est alors un travail de nettoyage et de purification, œuvres à la fois de quelques secondes et d’une vie entière.

Nous pouvons être conscients de ce qui fait souffrir et met à genou une grande partie de l’humanité. Nous pouvons contribuer, accueillir, partager, aider, donner, nous engager individuellement ou mieux collectivement, essayer d’apporter un peu de mieux-être au monde qui nous entoure. Nous pouvons même aimer avec beaucoup de cœur et de sincérité. Mais peut-être à travers tout cela la plus grande mission qui nous est confiée, c’est d’apporter la joie. C’est cela le but premier d’un travail intérieur : retrouver la joie en soi-même car elle nous a été donnée, accepter d’être vivant, accueillir le don de la vie, et juste commencer à sourire pour cela.

Je garde encore dans mes souvenirs, 45 ans après, l’accueil que j’ai reçu dans un village de lépreux dans la région de Kédougou au Sénégal. Les sourires de ces femmes et de ces hommes sont gravés en moi comme le plus beau des cadeaux que j’ai reçu et nourrissent encore aujourd’hui ma joie. Ces personnes déformées, défigurées mais tellement belles de leurs générosités et de leurs sourires. En partant, ils m’ont offert un poulet, un de leur seul bien, pour me remercier de ma visite. Ils ne savent pas qu’ils m’ont donné beaucoup plus.

La joie apporte à l’humanité ce que le printemps donne à la terre. Cette énergie vient du plus profond de l’être et du plus profond de la terre et jaillit en puissance de vie, quels que soient les évènements de la vie des hommes, les émotions qui les traversent et le temps qu’il fait. La nature se réveille, les bourgeons s’ouvrent, les fleurs et la joie sont là.

« Et cette joie, nul ne vous la ravira » Évangile de Jean

Oui, nous pouvons être conscients de tout ce qui met la création en péril, nous pouvons apporter notre pierre à la construction de ce que nous appelons la justice et la paix, nous pouvons aussi dire à la tristesse ou à la peur qui monte en nous : « tais-toi ! ». Mais donner la joie me semble supérieur à tout, elle se multiplie plus vite que toutes les énergies négatives, et comme l’amour, a la puissance de paralyser la peur ou la haine. A ce titre le film "La vie est belle" de Roberto Begnini en est une très belle illustration.

Nous venons à la fois de la terre et du ciel et nous y retournerons, alors peut-être pour remercier la terre et les cieux, l’humain et le souffle du divin, la source de notre énergie et les êtres que nous aimons, nous pouvons juste, au-delà de toute trace de tristesse, laisser sourire notre âme.

Vos réactions à ce texte :

La joie est une exaltation intérieure, provoquée par la vie elle-même. Un état dynamique qui nous ouvre à notre créativité authentique. Le contentement et le plaisir alimentés par le simple et la légèreté.

La joie se trouve en nous, alimentée par nos états intérieurs et se manifeste devant la simplicité de la vie. Isabelle

"Dans la montagne verte

Une joie est offerte

A tous les pas, en contemplant

Chaque horizon qui te surprend.

A tes pieds la fraîcheur

Et toutes les senteurs

De forêt et de terre

La glèbe nourricière.

Clapotis des ruisseaux,

Abreuvoir des oiseaux.

Cascades bouillonnantes

Et cette odeur de menthe

Dans ma main qui t’écrase,

Humble feuille, pardon,

Tu t’effaces sans phrase…

Ici tout n’est que don,

Et tout est disponible

En la beauté paisible.

De la nature ardente

Fécondité patiente…."

Edith de Rouvre 1978