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Pentecôte

16 septembre 2024

Alors que nous visitions avec Claire la ville d’Arezzo en Toscane, notamment pour y découvrir les fresques extraordinaires de Piero della Francesca, j’ai flâné ensuite un long moment dans cette basilique de San Francesco pour y découvrir les autres œuvres. J’ai été totalement saisi par une Pentecôte de la fin du 14e siècle, d’une beauté et d’un enseignement inouïs. L’auteur, Spinello Aretino (1350-1410), nous livre un message sur sa compréhension de cet évènement du don de l’Esprit et de l’envoi en mission.

La fresque est en deux parties : un carré supérieur avec une colombe blanche, descendant d’un cercle dans un ciel gris orage, les ailes ouvertes, plongeant vers la terre pour inscrire une relation permanente entre la création et l’être. Cette simple colombe représente l’Esprit des commencements, Le Souffle créateur, La Force divine du Christ. La partie du bas est un grand rectangle représentant onze apôtres et deux femmes, certainement Marie et Marie-Madeleine.

Ils sont tous assis, des langues de feu reposent sur leurs têtes. Chaque visage a une expression différente, accueillant à sa manière le don qui lui est fait.

Marie et Marie-Madeleine sont au centre du tableau, entourées des onze, c’est un signe pour moi dans la représentation d’une église naissante  ! Elles accueillent le Souffle, elles transmettent la Vie, elles semblent être au cœur de Dieu et de l’église qui se construit. Marie plonge ses yeux dans les yeux de celle ou celui qui s’arrête devant cette fresque, comme pour l’inviter à croire à l’incroyable et à recevoir à son tour le Souffle divin. Elle lui impose les mains pour le bénir et le consacrer.

A son côté Marie-Madeleine, avec ses longs cheveux bouclés, a les mains jointes. Elle est juste dans la gratitude de ce qui est, son visage est légèrement tourné vers Marie dans une complicité totale. Marie a une tunique rouge et un manteau bleu, Marie-Madeleine une tunique bleue et un manteau rouge.

A coté de Marie se trouve Jean, il tend une main vers elle car il garde au cœur une des dernières paroles de Jésus «  voici ta mère  », par ce geste, il indique au pèlerin qu’il peut aussi se tourner vers Marie et lui faire confiance.

A côté de Marie-Madeleine se trouve sans doute Pierre, les bras croisés, la tête en l’air, dans la sidération de ce qui arrive. «  Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon église  ». Force et fragilité de la foi...

Deux apôtres semblent en grande discussion, se demandant ce qu’ils vont faire de tout cela, ils semblent réjouis. D’autres sont en méditation les mains jointes, un autre montre l’Esprit qui vient, un autre encore impose les mains, accompagnant le geste de Marie.

Ces treize compagnons de route sont différents et Un à la fois, ils représentent le Christ, ils sont Christ, êtres lumières incarnés ayant au cœur une foi à déplacer les montagnes. La Pentecôte est le temps de l’envoi de chacun vers sa propre mission d’âme, sa part de création, sa part de folie peut-être pour dire au monde que désormais la flamme divine est intérieure et qu’elle ne demande qu’à rejoindre les cœurs fermés à la vie.

Cette Pentecôte du quatorzième siècle dit à l’église d’aujourd’hui que femmes et hommes sont apôtres du Christ, les femmes étant au centre. J’ose même ajouter qu’en comparant cette Pentecôte aux représentations de la Cène où Jean et Pierre entourent Jésus, je constate que Marie et Marie-Madeleine sont à la place du Christ, comme les visages féminins du Dieu incarné.

Comme je désire que cette parole soit entendue  !

Et je voudrais ce soir murmurer avec Marie :

"Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur  !
Il s’est penché sur son humble servante  ;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse.
 
Le Puissant fit pour moi des merveilles  ;
Saint est son nom  !
Son amour s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
 
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
 
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais."

Ouvrez votre cœur - d’après le psaume 95 - Psaumes insolites

Dieu est Souffle créateur,
Au-dessus de tout et de tous,
Il tient dans sa main les profondeurs de la terre
Et pose son regard sur le ciel immense.
Terres et mers se dessinent à l’infini,
Montagnes et collines se parlent d’harmonie.
 
Venez, hommes et femmes de compassion,
Acclamons le Dieu qui donne vie.
Il est notre Dieu
Et nous sommes le peuple de ses proches.
 
Préparez-vous à accueillir sa parole,
Ouvrez votre cœur, apaisez votre âme,
Le Dieu de bonté vous montre son amour,
Il vous attend sur votre chemin.
 
Sa parole est une parole simple,
Nos oreilles peuvent l’entendre
Et notre esprit la comprendre  ;
Si nous l’accueillons, notre regard s’éclaircira.
 
Venez, faites silence, recueillons-nous,
Acclamons notre Dieu et Sauveur,
De nos lèvres osons une action de grâce,
Par nos psaumes et nos chants, fêtons-le  !