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Pierre et Fredo

17 octobre 2023

Ils ne se connaissaient pas et étaient à quelques kilomètres l’un de l’autre. Ils s’appelaient Pierre et Fredo, la trentaine pour l’un, la soixantaine pour l’autre. Fredo fier de sa famille, rieur et Pierre engagé pour un monde plus juste. A quarante-huit heures d’écart dans un coin de Normandie, ils ont choisi de quitter cette vie, laissant leur entourage, familles, proches et amis dans la sidération, l’incompréhension et la douleur.

Pourquoi  ? Pourquoi la vie peut-elle à ce point ne plus avoir de sens et le cœur perdre toute espérance  ? Je n’ai pas de réponse. Je reste silencieux et je médite.

Violences et désespoirs sont présents dans ces yeux qui ne veulent plus voir, ces oreilles ne plus entendre et ces cœurs qui s’arrêtent trop vite de battre quand le souffle s’en va.

La tristesse et l’incompréhension sont aujourd’hui présentes dans les vies de tous les proches de Pierre et Fredo. Des élans d’amour jaillissent çà et là comme des baumes de tendresse pour dire oui à la vie.

J’expérimente chaque jour à quel point les relations, l’amitié, l’amour sont sources d’énergie et de sens. Il nous faut vivre ces liens pleinement sans repousser au lendemain ce que nous avons à vivre et exprimer sans concession ce que nous avons sur le cœur. Le non-dit peut devenir poison.

Il y a peu de mots pour consoler sinon être là, présents avec le langage du corps et de l’âme pour chérir celles et ceux que nous aimons, avec le langage du silence pour rejoindre dans l’univers ces âmes qui ont encore besoin d’amour et tant à donner. Elles se promènent quelque part et cherchent le lieu de leur repos, elles sont comme des petites lumières invisibles à nos yeux, mais tellement présentes. C’est sans doute le temps de la rencontre pour demander la paix. La mort n’a de sens que si elle nous éveille à la vie.

«  C’est de nos nuits de désespoir que va fleurir une glycine qui se penche au-dessus du mur, c’est de nos déchirures, de nos doutes et de nos manques que naissent des palais dans les cieux et toutes sortes de printemps inimaginables  » Christian Bobin

Heureux les purs, ils verront Dieu - Psaumes insolites, d’après le psaume 15

Dieu, qui peut habiter ton silence
Et te rejoindre là où tu demeures   ?
 
Celui qui vit en recherchant le bien
Pour lui-même et pour celui dont il est proche
Ne fait pas de différence entre les hommes
Et accueille chacun comme l’envoyé de Dieu.
 
Celui qui voit le positif en toute chose,
Et laisse à d’autres la parole qui blesse,
Son regard ne saurait juger,
Sa main ne saurait frapper.
 
Il partage le bien qu’il a reçu
Et porte son regard sur celui qui demande,
Il cherche la justice en toute chose
Et garde le silence quand il ne sait pas.
 
Mon Dieu, je l’ai appris dans la prière :
Ton trône est le cœur de l’homme,
Et ta grandeur, sa capacité à aimer  !
Ainsi, chaque jour, je peux te louer.