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Trois pas contre la guerre

28 février 2022

La guerre est inacceptable et pourtant elle est là, reine du clivage et de la dualité, créatrice de haine, dirigée par des hommes de pouvoir et d’argent. Que valent des pertes humaines face à la richesse des sols et des sous-sols et devant la soif de quelques prédateurs peu regardant de la valeur de la vie ?

Nous pouvons juger, manifester, sanctionner peut-être, nous affliger bien sûr, mais finalement, du plus faible au plus puissant, nous sommes dans l’impossibilité combattre sur le terrain, révoltés par la puissance d’en face. La liberté des peuples a un prix, nous en sommes tous conscients et responsables.

Mais que faire ? Ne sommes-nous pas des millions d’artisans ou de sympathisants de la paix, sans doute des milliards de priants à travers le monde toutes spiritualités confondues, désirant finalement la même chose ? Avons-nous baissé les bras ou perdu ce qu’il nous restait de foi en l’homme ou en Dieu ? Quelles sont donc nos armes en face du feu et de la haine ? Quel est donc le premier pas vers la paix ? Chacune et chacun d’entre nous a un bout de réponse en soi. Moi-même je cherche et essaie comme vous de comprendre ce qui se passe, de m’informer, de capter les sources de ce drame comme de tout drame de nos vies.

Les pistes que j’essaie de prendre une fois encore rejoignent le travail sur soi : dénicher les dualités, ces combats intérieurs qui nous minent encore, oser nommer nos zones d’ombres en espérant y mettre un peu de lumière. Je sais maintenant que tout combat intérieur et tout jugement sur soi-même ont des répercussions sur notre humeur et tout notre environnement, nos proches en premier, mais aussi sur ceux et celles que nous croisons, et sans doute bien plus largement encore.

Accepter que l’ombre et la lumière sont complémentaires, que la violence de certaines de nos émotions sont juste représentatives, causes et conséquences de ce qui se passe autour de nous. Faire la paix avec soi-même et en soi-même est pour moi un pas gigantesque difficile à franchir, mais d’une portée et d’une force inimaginable. Régler ses conflits intérieurs, faire taire regrets, rancunes diverses et ressentiments, nommer pacifiquement ce qui ne nous convient pas ou plus, dire non à tout ce qui crée en nous un désordre, se débarrasser de ce qui nous encombre matériellement et dans nos relations, en particulier les relations toxiques. Voilà pour moi par où débuter, cela peut être salvateur pour nous et le monde qui nous entoure, à commencer par notre lieu de vie.

Le deuxième pas est pour moi de prier sans relâche, qu’on y croit ou non. Prier c’est seulement penser à l’autre, aux proches, aux lointains avec juste une intention bienveillante. Nous avons la capacité en nous de bénir les Ukrainiens et les Russes, les victimes des guerres en même temps que leurs bourreaux dirigés par des êtres de sang et de pouvoir.

La guerre n’est pas extérieure et lointaine, elle est intérieure à tout homme qui passe sa vie à faire le tour de lui-même sans se rencontrer vraiment et qui s’étonne de ne pas être vraiment heureux.

Et s’il y avait un troisième pas, ce serait celui de la douceur.

Je voudrais reprendre ici la prière de Guéshé-La prononcée ce matin au temple Kadhampa de Lille qui m’a été transmis par Basile :

"Le meilleur moyen pour établir la paix dans le monde en général, et la paix dans notre esprit en particulier, est d’apprendre à chérir les autres êtres vivants.

Si nous faisons tous la prière sincère d’être capables de chérir les autres êtres vivants, nous parviendrons tous peu à peu, grâce à la force de cette prière, à vraiment vouloir prendre soin des autres avec amour. Le monde entier sera alors définitivement en paix, et un bonheur pur et éternel y rayonnera Que cesse rapidement toute souffrance. Que toute joie et toute paix se réalisent."

Vos réactions à cet article :

la guerre on a tout dit, on n’aura jamais fini de tout dire et on a raison de continuer à dire et à la condamner, mais aussi détestable soit-elle, la guerre fait partie de nous, intimement, indéniablement. Certains d’entre nous parviennent à en limiter les dérives. La majorité accepte cette cohabitation mortifère. La spiritualité, la sagesse, la simple raison dont chacun peut faire preuve à chaque instant sait parfois en atténuer les effets. Bien sûr « aimer » semble la solution la plus efficace pour remédier à cette névrose destructrice, la solution la plus immédiate pour les esprits sensibles, solution d’ailleurs dont l’efficacité se révèle à chacun s’il en fait l’expérience. Malheureusement, la nature humaine renonce souvent à fournir un effort si celui-ci ne se convertit pas rapidement en un résultat sonnant et trébuchant. C’est que la matière attire bien plus que l’esprit. Mais ne lâchons rien, puisqu’il n’y a pas d’autre issue et puisque l’amour nourrit, continuons sans lassitude à rendre nos comportements vertueux et à transformer en bon « alchimiste » l’ombre en lumière, et à s’aider mutuellement à se relever lorsque l’on chute. Jean-Pierre

Merci pour cet article. Il m’a particulièrement parlé. Surtout ce passage-là : "Régler ses conflits intérieurs, faire taire regrets, rancunes diverses et ressentiments, nommer pacifiquement ce qui ne nous convient pas ou plus, dire non à tout ce qui crée en nous un désordre, se débarrasser de ce qui nous encombre matériellement et dans nos relations, en particulier les relations toxiques"

Plus généralement, je prends plaisir à lire ces réflexions qui tendent vers la paix et un accord intérieur en lien avec le monde. Joséphine

Évidemment ton récit sur la guerre me semble extrêmement juste et salvateur et je confirme ce qui me semble le plus important : la paix commence avec soi même, ses proches, ses amis, son entourage ....etc ...Nous avons chacun notre part de responsabilité.

La guerre c’est nous. La paix c’est nous aussi.

Pour moi, la seule voie libératrice, c’est celle du pardon. Le pardon à soi même et aux autres. Pour y accéder, j’essaye de me mettre à la place de l’autre, d’écouter son histoire, son vécu, de rejoindre sa vérité qui est loin de la mienne pour laisser l’esprit de compassion s’emparer du coeur. J’essaye de regarder et de mettre les mains dans mon propre cambouis intérieur, sans culpabilité, afin que mon moteur de vie prenne la direction de la douceur, de la sérénité vers la seule destination possible : l’Amour inconditionnel, celui que j’ai pour mes enfants. C’est le mode d’emploi auquel je crois. Si difficile parfois. J’ai le droit d’échouer, de ne pas y arriver mais ce que j’ai compris, c’est que tant que l’Amour de soi même et des autres n’aura pas pris toute la place dans ma vie, celle-ci me présentera le même plat, les mêmes situations, les mêmes difficultés relationnelles...la même GUERRE.

La seule chose qui m’interroge dans ton billet c’est ce passage : je te cite : " Se débarrasser de ce qui nous encombre dans nos relations, en particulier nos relations toxiques" "Toxique :" Poison. Qui agit comme un poison. Qui nous empoisonne la vie. "Se débarrasser" : Se dégager de ce qui embarrasse. Se délivrer de ce qui gêne.

Se dégager, se délivrer d’une relation qui empoisonne notre vie, c’est, pour moi, essayer de la résoudre, la regarder en face pour la transformer en relation paisible et féconde. Ce n’est pas mettre la relation à l’écart, ni l’exclure, ni la rejeter. Pour moi, il n’y a pas de "relation toxique", il n’y a que de la souffrance à prendre dans ses bras. L’adversité qui me dérange me hisse plus haut dans ma transformation intérieure, m’aide à devenir meilleure, à atteindre plus vite ma compassion. L’autre est parfois un miroir. Ce qui m’empoisonne chez l’autre est aussi ce qui m’empoisonne chez moi et que je ne veux pas voir. Croire que l’autre est toxique c’est s’enfermer dans des faiblesses qui jugent. Le jugement élimine. Le jugement tue. Le jugement, c’est la GUERRE. Une relation que je crois toxique me renvoie à ma difficulté d’aimer...Inconditionnellement. Ce qui m’ encombre me permet de me confronter à mes limites et j’aime l’idée que nous sommes des êtres illimités, libres de nos choix : la Paix ou la Guerre

Seules nos peurs sont toxiques.

La lumière est un GPS fiable, toujours plus forte ! Dans l’impossibilité à tout résoudre, j’aime plus que tout, l’idée de prier pour ses "ennemis", de s’abandonner à plus grand que nous pour confier nos impuissances et nos fragilités mutuelles. L’ouverture des cœurs n’est pas un long fleuve tranquille et la réconciliation prend du temps, parfois toute une vie... Le temps, ne nous appartient pas. Le temps c’est Dieu.

Prier pour les souffrances de Poutine qui l’amènent à cet aveuglement criminel.

Prier pour la victoire de la lumière Ukrainienne ! J’ai confiance !

La paix est douce et son silence ouaté. La paix restaure. Choisir la paix c’est choisir la Vie.

Amen ! Caroline

Oui toutes les guerres même nos guerres intérieures sont des histoires de pouvoir et d’argent et celle-ci proche de nous nous le rappelle. A chaque fois que je refuse, rejette, une zone d’ombre en moi, je suis en guerre … Comme tu le dis, il nous faut accepter que l’ombre et la lumière sont complémentaires. La dualité est un leurre mais il faut nous y confronter pour la dépasser. Je crois que la prière est un bon moyen pour aller vers cette acceptation dans la douceur . Tu as raison et j’ajouterais dans la confiance. Merci pour cette belle prière transmise par Basile. Elle me fait penser à ma maman qui nous a répété sans cesse tout au long de sa vie : « Il n’y a qu’une chose importante sur cette terre , dans notre vie d’Homme : AIMER, AIMER, AIMER » . C’était une femme simple mais tellement clairvoyante … Cultivons l’Amour en nous et autour de nous , alors la Paix pourra entrer dans notre monde. Myriam

Merci Michel pour ces mots apaisants, essayons déjà de faire la paix en nous et avec les autres , ôter toute rancœur, toute animosité qui souvent nous tenaillent et surtout ne pas oublier d’aimer, aimer, toujours aimer. Et prier pour la paix dans le monde car la guerre est partout, celle-ci nous touche car elle est proche mais il y en a tant d’autres qui passent inaperçues... Cela fait toujours plaisir de te lire et la prière s’en suit tout naturellement...merci aussi à Basile ! Bénédicte

Merci pour ton partage concernant un sujet, la guerre, que beaucoup d’êtres humains espèrent voir un jour reléguée au passé, notamment après un 20e siècle le plus meurtrier de toute l’histoire de l’humanité. A la question “que faire ?”, Je te rejoins pleinement sur la démarche personnelle. Nous ne pouvons pas toujours agir concrètement sur le terrain certes, mais nous pouvons tous avec engagement et détermination élargir notre conscience, oser explorer nos propres zones d’ombres, oser nous engager sur un chemin de tolérance et de douceur, dans notre quotidien, au travail, avec nos enfants ou nos amis. Le courage est selon moi à cet endroit. Nous portons tous la guerre en nous et comme il est difficile de ne pas se laisser emporter sur ce chemin de colère ou de rancœur lorsque l’on est en prise avec ces émotions qui semblent nous submerger. Il faut un cœur de guerrier pour oser s’assoir devant ses propres démons avec l’aspiration douce et déterminée de ne pas rajouter de la souffrance à la souffrance du monde. Nous avons tous toutes ces graines en nous, de celle de la haine à celle de l’altruisme, qui représentent la si large palette des émotions humaines. Lesquelles souhaitons-nous arroser dans notre vie ? Cela me rappelle l’invitation de Gandhi : “soyez vous-même le changement que vous voudriez voir dans le monde”. Stéphan

Chercher la paix - d’après le psaume 55 (54) - Psaumes insolites

Mon Dieu, je me présente à toi,
Puis-je te faire une demande ?
Trop de pensées m’envahissent,
Ecoute-moi, je t’en prie, réponds-moi.
 
Angoissé, inquiet,
Mon cœur est oppressé,
La peur de la mort m’envahit,
Des pieds à la tête, un frisson me saisit.
 
Ai-je des ennemis qui me poursuivent ?
Des paroles méchantes parviennent à mes oreilles,
En auront-ils fini avec leurs jugements ?
Mes angoisses sont la source de mon trouble !
 
Mon âme a dit : “Qui fera de moi un oiseau,
Que je m’envole vers un lieu de liberté ?
Loin, très loin je partirai,
Je retrouverai au désert la paix et le silence”.
 
J’ai hâte de trouver refuge
Contre ce vent de tempête qui souffle en moi.
Donne-moi, Seigneur, une pensée claire
Et mon langage coulera comme une source.
 
Le monde n’est que violence,
Le jour et la nuit,
De l’Orient à Occident et du Nord au Sud !
Qui donc m’apportera la paix ?
 
Même des amis, des fidèles, se déchirent,
Des frères et sœurs ne se comprennent plus,
Je me souviens des jours d’autrefois,
Comme notre entente était belle !
 
Nous allions d’un même pas
Avec Dieu pour refuge et la bienveillance à nos lèvres,
Nous chantions une louange,
Chaque rencontre était source de joie !
 
Aujourd’hui je me tourne vers toi mon Dieu,
Je pose devant toi mes peurs et mes angoisses,
Je médite le matin et le soir,
Je porte dans ma prière les femmes et les hommes de la terre.
 
Et toi, mon Dieu, tu as entendu ma voix,
Tu m’apportes un temps de paix,
Tu me libères d’un combat intérieur
Et me délivres de mes pensées négatives.
 
Toi qui es là dès l’origine,
Tu es témoin de mes révoltes,
Tu souris de mes émotions trop fortes,
Tu m’invites à m’aimer tel que je suis !
 
Toi, mon frère, qui porte le poids du jour,
Toi, ma sœur, qui souffre dans le silence,
Dépose ce que tu ne peux porter dans les bras de Dieu,
Comme une mère il t’enveloppera de tendresse.
 
Jamais il ne permettra
Qu’un juste ne s’écroule,
Car chacun de vous compte pour lui,
Vous êtes son trésor, l’objet de son amour !